Oda Miyuwa

Au beau milieu de la nuit, entre arbre et fourré, et quelques roses cueillit comme cadeau pour l’occasion, seulement éclairé par la pâle lumière de la lune, un orbe noir au reflet bleuté gisait dans le creux d’un arbre robuste et fier, mais dépourvu de verdure. L’air était gelé, l’hiver déjà installé faisait son œuvre, bien que là-haut, peu de nuages obstruaient la vue sur les milliers de petites lumières. Mais une grande créature aux couleurs sombres soufflait une flamme constante près du nid improvisé pour réchauffer sa progéniture à venir. Veillant sur les alentours, écoutant les bruits qui remplissaient le silence de la nuit, la ville n’était pas loin. Mais pour le plus grand bonheur du dragon, l’enfant né sans difficulté, sortant son museau noir de l’épaisse coquille, sortant de celle-ci d’un pas maladroit, manquant de tomber, mais vite rattrapé par sa mère. Miyuwa ne se souvient pas d’elle, il n’a plus de souvenirs de ses jours lointains, il s’imagine juste un dragon semblable à lui, peut être dans les ton plus clair, et des yeux différents. Peut-être plus fine et féminine que lui. Peut-être plus petite que lui aujourd’hui, mais tout ça n’est que spéculation. Il ne sait même pas qu’elle nom elle avait choisit, s’il était différent de celui qui lui appartient maintenant. Tout est flou, pour le jeune homme à la mémoire, défaillante. Il se souvient juste d’une vague mélodie et de quelques paroles sur sa naissance.

Reflet du ciel nocturne qui t’accueille aujourd’hui, fond toi dans le décor pour survivre, reste aussi tranchant que le froid qui souffle en ce jour béni pour garder un bouclier, soit aussi piquant que les roses qui t’entourent pour avoir toujours une épée en main.

Un mois, un petit qui grandit vite, qui apprend aux côtés de son père, sa mère partant sur les marchés pour rapporter de quoi survivre ici. Fils de dragon qui vivent comme des paysans, oublié de l’empire, se faisant petit en cette période Sengoku ou les fiefs se battaient jour après jour pour gratter quelques terres aux voisins. Il sait que ses connaissances viennent de là, même s’il ne saurait décrire ses géniteurs, ni les moments passés pendant ce cours laps de temps. Il se rappelle de la forêt, de la maison un peu en retrait. Il ne saurait la décrire, mais la maisonnette était dans le style de l’époque, pas bien grande, et sûrement que la toiture en paille était risqué pour abriter des cracheurs de feu, mais c’était tout ce qu’ils pouvaient avoir. Ses parents étaient pacifistes et passaient plus de temps sous leur forme à deux pattes que celles à quatre.

Un an. C’est l’âge qu’il a l’air d’avoir lorsqu’il prend enfin forme humaine dans ce monde. Si grand et si petit à la fois, alors que pour la première fois, il marche sur deux pieds. Devant la glace, il a longtemps observé incrédule ce corps si différent du dragon noir qu’il était. Ses cheveux ébène, que sa mère venait coiffer, rappelaient la couleur de ses écailles, ses yeux sombres contrastent par contre avec ce océan du monstre volant. Son corps, petit et frêle, le déconcerte alors qu’il semblait déjà un peu plus imposant sous son autre forme. Mais il apprend vite, par imitation à être un petit d’homme. Il observe, curieux, commence à parler, marcher, trottiner. Puis un homme inconnu débarque dans la maison. Un homme mieux vêtu que ses parents, parlant avec des mots compliqué, semblant entrer dans une conversation longue et houleuse avec les adultes de la maison. L’enfant ne comprenait pas vraiment, c’était trop compliqué, puis c’étaient des affaires de grand. Il avait continué à jouer dans son coin, jouant avec des poupées en pailles, les jetant dans des bacs comme des ballons de basket. Mais bientôt, ça s’agite, le peu d’affaire à lui est mis dans un vieux sac en tissus, et sa mère l’attrape sous les bras pour le soulever, le serrant fort contre elle. Il ne comprend pas, pourquoi ce câlin soudain, devant cet inconnu en plus ?

Il se retrouve sur la croupe d’un étalon blanc, après quelques mots de ses parents. Mais ses parents reste au palier de leur maison, lui, s’éloignant peu à peu avec l’homme qu’il ne connaît pas. Il est perdu, il veut pleurer, mais il reste silencieux, laissant seulement quelques larmes silencieuses couler alors qu’il essaye encore deux ou trois fois de sauter de la monture, mais chaque fois rattrapé par le guerrier.

Ne sors plus tes grandes ailes, ne montre plus des belles écailles et des yeux fendu, ta forme humaine sera ton salut.

Tels sont les derniers mots murmurés par sa mère, restés gravé dans son esprit. Vendu comme une marchandise, c’était la dernière fois qu’il les voyait, ceux qui l’avaient mis au monde et abandonné pour une petite bourse. Il ne l’avait pas compris directement, il avait longtemps espéré revenir, se disant qu’il partait temporairement. Puis le temps est passé, et il avait abandonné l’idée. Ils avaient parcouru bien des kilomètres à cheval avant d’arriver au château de Kori.

Lavé, coiffé, nourri, et vêtu d’habit en tissus des plus coûteux, le voilà métamorphosé en fils de riche, alors qu’on le présente à une femme aux airs tristes, semblant fatigué de la vie. Elle était mal coiffé, et son maquillage pâle masquait difficilement les yeux rougis par les larmes. Le guerrier qui l’avait mené dans cette contré discuta longuement avec la dame face à lui. Quelques épanchements avant qu’on vienne le pousser devant celle-ci, agenouillé sur le tatami, esquissant un faible sourire, elle finit par le prendre dans ses bras, le jeune enfant qui se laissait faire comme un pantin. Pourquoi faisait-elle cela ? Avec le temps, il apprit que cette âme blessée était sa nouvelle mère selon les dires des adultes. La femme venait en réalité de perdre son enfant dans un triste accident, alors que la femme avait croisé la route d’un loup-garou. Miyu n’était qu’un substitut, adopter pour fermer les blessures d’une perte. Au fils du temps, le garçon oublie ses origines, oublie les deux dragons qui l’avait abandonné, substituant à son tour sa mère par Kitsuno, celle qui considère maintenant comme sa mère. Il apprend alors à être l’enfant de guerrier, de samouraï, vivant aisément, il est vêtu correctement, bien coiffé, alors qu’il se rend aux cérémonies des temples, suit les instructions de son clan, se cache dans les kimonos de sa mère pendant un an durant. Enfant joyeux qui grandit rapidement, mais une fois de plus la vie le fait trébucher. Sa mère fatiguée finit par s’éteindre.

L’enfant avait vu les samouraï s’activaient, il ne comprenait pas encore une fois ce qui agitait tout ce monde, alors qu’il chercha à se réfugier dans la chambre de sa figure maternelle, il n’en trouva que plus d’agitation, alors qu’il parvient à se glisser dans la pièce, il tombe sur un grand homme qu’il avait entraperçue quelques fois. Il paraissait pleurer, alors que sa mère semblait dormir paisiblement devant lui. L’enfant n’osait dire un mot, mais l’homme le remarque alors, lui faisant signe d’approcher. Le bambin s'exécute, venant s’agenouiller au côté du guerrier, face au corps de la femme. La nuit passe alors. L’homme finit par dire en l’enfant qu’il ne verra plus celle qui l’avait vu grandir depuis un an, et Miyu versa des larmes, se demandant, pourquoi un autre abandon.

Nouveau voyage peu de jours après, au côté de cet homme. Amant de sa mère, il n’est d’autre que son père adoptif qui ramenait alors son fils adoptif à son château. Le voilà dans la province de Mino, au château d’Inabayama. Son père est Oda Nobunaga, grand daimyo de son temps qui peu à peu, guerre après guerre, conquis le japon pour réunir le maximum de province sous sa bannière. L'enfant apprécie l’homme courageux et vaillant, hors des normes qui semblait si sûr de lui. C’est dans son château qu’il grandit alors, apprenant à lire, à écrire, et à devenir un fier samouraï. Miyuwa à déjà plus de souvenir de cette période, il en est presque nostalgique, alors qu’il était fier d’être au côté de son père. Les années passent et peu à peu, le jeune homme suit son père adoptif dans ses voyages de conquête. Il restera fidèle à son père et au clan Oda alors au fil des combats, écoutant silencieusement les paroles des différentes personnes, ne manque pas de rapporter les nouvelles au daimyo, s'entraîne encore et encore. Il voulait être le meilleur, impressionner son modèle, participant au guerres, au champs de fer et de sang, se salissant, se blessant, sauvant ses alliés, achevant ses ennemis, élevé pour ça, il ne s’arrête pas. Les sens à l'affût, dans ce monde d’échec géant, il sait que chaque personne peut planter un couteau dans le dos. Pourtant, cela ne lui déplaît pas, alors que parfois, les rares fois où il se retrouve seul avec son père et maître, il s’essaye à la stratégie de guerre. Une faute, une erreur, un mauvais jugement et c’est fini. Tu es mort, ton armé est anéanti et ton peuple est en deuil. C’est la règle du jeu, et face à l’expérience, le dragon à souvent échouer, mais c’est peu à peu améliorer dans leur joutes imaginaires, d’armer en carton et d’ordre sans conséquence pour le moment. Ça l’amuse, le passionne peut-être plus que de raison. Avec les années, il en oublierait presque qu’il est une puissante créature, jouant parfaitement à l’humain, que demander de plus qu’une vie plaisante à vaincre les ennemies, à avoir pouvoir et richesse, telle un prince. Il n’est pas forcément l’héritier d’un clan Oda, mais on ne lui enlève pas les avantages pour autant. À 15 ans, il dirige déjà une troupe de samouraï sous les directives de son paternel, il est aimé et respecté, autant qu’il respecte les personnes sous son commandement, Miyu a toujours fait passer leur sécurité avant tout, du moins le plus possible. Il se rappelle de leurs visages, ceux concentrer leur d’une attaque, tiraillé par la douleur mordante d’une blessure, motivé par les encouragements des uns et des autres avant l’action, les sourires des soirées autour de saké à parler de tout et de rien. Il les appréciait, et c’était toujours dur d’en perdre un au combat, de rentrer sans eux, de dire aux familles qu’ils ne rentreront pas, de voir les visage vide de vie. Mais c’était le risque à prendre, ils le savent tous, que dans une guerre, il y a forcément des victimes.

La plus grande perte, pour lui, arrive deux ans plus tard, alors âgée de 17 ans, il apprend la mort de son père suite à un coup d’état. Le jeune homme l’avait appris assez rapidement par un messager, et aurait voulu se venger si on ne s'en était pas déjà occupé. Frustré, le garçon reste longuement proscrit dans sa résidence. Le temps passe encore, alors que dehors, on débat sur la succession de son père. Ça ne l’intéresse pas. Il ne veut pas reprendre tout ça, il aurait voulu que tout redevienne comme avant et que ça dure toujours. Pourtant, il est ici en danger, il aura beau dire qu’il n’en veut pas, les jeux de pouvoirs font leur effet, alors qu’il échappe deux trois fois à des tentatives d'assassinat.

Déploie tes ailes, éveille le dragon en toi et fuit loin jeune idiot, qu'espères-tu de ce monde ?

Miyuwa n’a plus sa place ici, il se rappelle de la déchirure que ça avait provoqué, lui maintenant rônin, fuyant son foyer rassurant pour se cacher dans les forêts. Fuir les hommes, ceux qui se battent pour ce que laisse l’homme de pouvoir, ceux qui veulent profiter de cette guerre de succession qui tente les approches, ainsi que ceux chassant les êtres qui ne devraient pas exister selon eux. Bien vite, à l'abri des regard, pour la première fois depuis longtemps, son corps se couvre d’écaille ténébreuse, ses yeux se fende et prenne la couleur de l’océan, et de grande et puissante ailes s’élève dans son dos. Griffe aux quatre pattes, une longue queue s’allonge dans le bas de son dos, et une dentition aiguisé. Peu habitué à cette forme, il marche maladroitement entre les arbres de la forêt qui le camoufle depuis sa fuite, il est un peu patauds au début, mais bien vite, il fait preuve de souplesse. Ce n’est que le soir venu, lorsqu’il peut se fondre dans les ténèbres de la nuit qu’il prend son envol, superposant le noir de son corps sur le noir de la nuit, sans aucune destination en tête, il fonce dans les cieux. Rien n’est sûr, entre ennemie vengeur et allier avide, alors, il ne s’arrête qu’une fois la mer passer de peu, atterrissant au bout de longue heure sur Ezo (Hokkaidô), fatigué et à bout, il s’endort rapidement sans se cacher tout en retrouvant sa forme à deux pattes.

Au matin, il se retrouve dans une petite maison, perdu, il avait d’abord cherché à sortir d’ici, mais un homme l’avait retenue. Grognant, portant la main à son fourreau avant de se rendre compte qu’il n’avait pas son katana, il observe l’étranger qui lui clamait de se calmer. Finalement, l’homme était aussi un dragon vivant paisiblement en tant que pêcheur ainu. Faible et déprimé, il se laissa soigner alors. Le jeune adolescent passa alors quelques années paisible ici, à apprendre plus sur les dragons, à survivre sous forme de gigantesque créature. Il gardait en lui une légère mélancolie, encore affecté par la perte de son modèle et d’avoir dû quitter son mode de vie. Mais il profitait maintenant de la vie tranquille et fraîche de cette île au nord de son pays natal. Le dragon bleu qu’était son sauveur appréciait le garçon, le voyait un peu comme un fils, même si Miyu ne le verrait jamais comme un père, alors chaque jour, il prenait soin de lui, lui apprenant une autre vie.


22 ans, fier jeune adulte dans la force de l’âge, sculpté par une vie rythmé, entre pêche, chasse, culture et entraînement aux combats et à la vie de dragon, il a bien grandit, arborant un fier mètre soixante-dix-huit. Il apprécie le dragon qui veillait sur lui, mais le dragon noir profita de l’obscurité d’une nuit pour rassembler quelques affaires et s’envoler vers d’autres horizons. Le calme, c’est pas quelques choses qui lui convient, il a besoin de bouger. Mais le garçon n’aime pas les adieux, ne savait pas comment dire à l’homme qu’il était temps pour lui de partir, de quitter le petit cocon de sûreté que lui avait donné l’aîné. Il se souvenait de l’homme au teint pâle, un regard où l’on peut observer le calme des abysses, une chevelure mal coiffé. Il se souvient des épaules droites sous le tissus jaunâtre recousu diverse fois à multiple endroit. Les mains calleuses, abîmées par le bois échardé des outils, qui venait parfois lui asséner une tape sur le crâne quand le petit faisait une bêtise. Il se souvient de la peau lacéré de son visage d’une joue à l’autre, barrant un nez fourchu. C’est un visage qui lui est resté en mémoire. Lâche, il avait pris la fuite quand l’autre avait le dos tourné, retournant dans le pays de Wa, observant cet empire qu’il avait laissé derrière lui cinq ans plus tôt. La réunification du pays continuait, cette fois sous l’influence de Toyotomi Hideyoshi. Lui aussi, il s’en souvient, celui qu’on surnommait Saru, le singe. Il ne pouvait certainement pas se présenter à la cours, alors le jeune dragon se cherche un nouvel endroit où s'ancrer. Dure de trouver un endroit ici, où le visage de l’enfant est encore dans les esprits de beaucoup, et il se demande chaque fois qui est un allié, qui est un ennemi.

Mais jeune ignorant, tu es ton seul allié dans ce monde où chacun désirs monter au sommet.

Finalement, il s’exile dans un lieu isolé, construit une cabane rudimentaire, et s’y installe, observant de loin la vie qui se passe. Il s'entraîne toujours comme un samouraï, n’ayant pas perdu le goût de sa vie guerrière. Il s’amuse aussi à infiltrer l’armé de Toyotomi dans quelques batailles pour prêter main forte et retrouver le goût de la guerre. Mais, après quelques années, il finit par se faire repérer, chasser et mis en exil encore une fois.

Seul, perdu, l’homme devient dragon et garde cette forme. Aigri, vexé et humilié, le reptile volant se cacha dans une grotte, ruminant sa frustration. Avec les années, des gens passèrent, des villages se construisirent peu à peu, sous l’œil glacial du dragon noir. Fâché qu’on s’approche si près de chez lui après l’avoir chassé de chez eux, Miyuwa se glissa dans la nuit pour incendier les maisons, les cultures, les véhicules sans scrupules chassant les indésirables, rendant la vie impossible aux têtues qui s’acharne à rester là. Il se prend des contres attaques, mais qu’importe, il veut juste qu’on le laisse tranquille. Combien d’homme, de femme, d’enfant, d’animaux ont péri dans les incendies ? Il en a aucune idée. Au fil des années, beaucoup connaissaient la menace, mais persistaient à s’installer ici, menant alors une guerre entre homme et dragon. 5 ans, 10 ans, 15 ans passent ainsi, garçon de 37 ans, pour une fois enroulé dans sa grotte, dormant pour récupérer d’une attaque quelques jours plus tôt. Puis une odeur, une présence, du bruit. Qui ose s’approcher de son nid ? Il se réveille, se lève, observant l’entré de la grotte, grognant pour dissuader l’intrus qui fait tout de même irruption chez lui. Près à attaquer, ayant déjà lancer quelques coups de sommation, l’inconnu était avertie. Mais quelques mots du jeune garçon qui leva les mains pour montrer patte blanche calmèrent la bête, qui intrigué observa son visiteur. Homme à la peau pâle, tellement que Miyuwa se demanda s’il était malade ou si sa peau ne brunissait pas au soleil, pourtant cette peau laiteuse n’était pas laide, contrastant avec ses cheveux corbeau bien coiffé, dont juste quelques mèches rebelle venant tomber sur son front, ainsi que ses yeux noisettes, semblant sourire malgré la situation, malgrés que ses lèvres légèrement dodues, elles, étaient quelques peut tendu. Il observe les étranges oreilles du garçon, longues et pointues, comme il ne l’avait jamais vu, il doutait que ça soit un défaut de naissance. Un jeune fae curieux qui avait entendu les contes de marchand sur la présence d’un monstre noir dans ses grottes. Le dragon avait fini par accepter la présence du fae, qui revient alors jour après jour pendant quelques heures pour l'observer, parler de sa vie sans vraiment attendre de réponse en retour. Les jours et les semaines défilent, jusqu'à que Miyu décide de suivre le fae à l'extérieur. Ça faisait longtemps qu'il n'était pas vraiment sortie, depuis que le garçon curieux avait débarqué dans sa grotte il n'était plus sortie faire des ravages, et comme l'homme aux oreilles pointues ramener souvent à manger pour sortir chasser. Mais aujourd'hui, il aurait sans doute dû rester dans son nid, au chaud et en sécurité. Après un petit moment de marche, des filets, des cordes, une muselière et bientôt, il se retrouve à enchaîner dans un drôle de bâtiment défraîchi, dans le noir, avec une odeur désagréable de fumier. Autour de lui, d'autres créatures… Des dragons, des loups-garous, des vampires, et autres créatures en tout genre.

Des combats, peu de nourriture, de la maltraitance. Il n'existait plus que pour ça. Le show, un combat pour survivre même si ça n'avait plus de sens. Les années passent, 5 ans, dragon de 42 ans, plus en grande forme. Le dragon s'était un peu fait à dormir sur la boue retournée de la grange, mais pas aux chaînes à son cou, à ses pattes. Pas aux combats, aux coups de griffes, aux morsures. Pas au manque de nourriture et au manque d'eau. Ni aux bruits de fouet et aux cris de douleur.

Puis la délivrance, un jour un homme aux oreilles longues viennent libérer les nombreux prisonniers, ceux qui avaient survécu jusqu'à là. Honnêtement, il ne sait plus grand chose de ce jour-là, ayant rapidement perdu connaissance. Mais a son réveil, il avait été soigné et on le nourrit pendant plusieurs jours. Animal ingrats ou trop briser, dès qu'il put, il s'envola et fuit alors le Japon.

La Russie, c'est là qu'il se réfugie après avoir récupéré ses affaires planqués quelques années plus tôt. Il s'en fiche du pays façon, mais dans ce pays plus vaste que peupler, il passe inaperçu dans les vastes plaines. Cette fois sur deux jambes, il marche sur les terres inconnus, seul, entre froid et vents. Mais tout ça est tellement mieux que ces dernières années. Il est libre et on le force plus à se battre. Il marche, ferme les yeux, profitant de l'air qui tape son visage. Puis quand il les rouvre, un loup blanc, grand, très grand, au yeux émeraude. Un pas en arrière avant que celui-ci se change en une jeune femme aux longs cheveux blonds, la peau pâle par le manque de soleil en cet hiver et ces même yeux émeraude. Ils ne parlent pas la même langue, ne sont pas de la même espèce, mais le garçon ne voyait pas de danger en elle. Fatigué, gelé et encore faible, il se souvient qu’il avait trouvé cette créature magnifique avant que ça ne soit le trou noir.

Du brouhaha autour de lui, quand il se réveille, il se retrouve dans une sorte de yourte chaleureuse, où s’activait la même femme au côté d’autre, sûrement sa famille. Il ne comprenait pas les mots échangé, lui avec son vieux japonais un peu fébrile après tant d’années sous forme de gros reptiles. Mais il fut choyé, encore une fois soigné, nourri et logé dans le petit village de loups garou perdu dans les plaines, loin des hommes et de leur cruauté. Le dragon avait gardé quelques méfiances, la dernière fois qu’il avait vit des loups, c’était dans une arène. Puis il s’était souvenu qu’ils étaient aussi là contre leur grès à défendre leur vie aussi. Finalement, il s’installe ici quelques années s’intégrant à la communauté, apprenant peu à peu la langue, il n’est pas un spécialiste, mais peu à peu, il peut communiquer avec les habitants.

Un jeune homme, grand, fin, peu musclé, mais au doux sourire, un jeune homme au yeux azur et aux cheveux corbeau, au rire de cristal, et au chant grave et chaud. C’était le fils d’un membre important de la meute, mais surtout le coup de cœur de Miyuwa, bien trop timide pour l’avouer. Le japonais le regardait de loin, l’observait, l’écoutait parler. Il aimait l’aider dans les tâches quotidiennes, discuter calmement avec lui. Il aimait lui apprendre le japonais comme l’homme lui appelait le russe. Puis le loup annonça qu’il avait une fiancée, une jeune louve, très belle, parfaite pour le garçon au cœur tendre. Et Miyu ne peut qu’afficher un sourire pour féliciter l’union des deux loups, un sourire plein d’amertume.

Qu’est-ce que tu espérais jeune dragon ? Qu’un loup aime un dragon ? Qu’un homme aime un homme ?

Se mentir à soi-même ça va juste devenir son quotidien. Un jour, une fille de la meute lui fait une déclaration, elle était un peu jeune, une dizaine d’années de moins, elle avait été marié déjà, mais était veuve, et en manque d’affection, et Miyu en profita malgré lui. S’obligeant à aimé une femme, il épousa la louve peu de temps après, enchaînant les mensonges sur cette vie qui ne lui convient pas, regardant plus les jolis garçons que sa propre femme, vingt ans à dire je t’aime sans le penser, du moins, pas plus qu’une affection.

Lassitude, remord, et plein d’autre inconfort fait que Miyuwa finit par partir en pleine nuit encore, fuyant le foyer et la meute sans un mot, sans un adieu. Une vie de nomade commence, à pied, en calèche, à cheval, en volant, il se déplace de campagne en campagne, de ville en ville, de pays en pays, de continent en continent. Il passe les quatre-vingt-huit ans suivant à visiter divers pays et culture. Il chasse pour se nourrir, s’est acheté une tente comme lieu de résidence, joue les saltimbanques pour avoir quelques sous en poche. Quelques aventures ici et là, des flirts sans lendemain, rien qui le raccroche à quelques choses. Un jour, il est ici et le lendemain, il s’est envolé pour souvent ne jamais revenir. Peut-être parce qu’il ne trouve rien qui le retient, il se lasse vite, s’ennuie, veut découvrir le reste du monde. Peut-être qu’il n’arrive plus à s’attacher au gens par peur de l’abandon ou de la trahison. Il ne trouve plus d’endroits où il se sent chez lui, plus de lieux où il se sent apaisé. Il évite les conflits, fuit les situations compliquées, ne fait pas face à la réalité. Il arrange les choses à sa sauce, ment sur ce qu’il est, ce qu’il garde du vrai lui ? Oda Miyuwa. Juste un nom et un prénom, celui qu’il se rappelle.

Puis il y a l’arrivée sur Jeju il y a un peu plus de 300 ans, un endroit calme, posé et où il trouve refuge. Il ne se rappelle plus vraiment ce qui l’a poussé à rester sur cette île à cette époque là, à se faire sédentaire, ce qu’il se souvient, c’est d’une sorcière qui fait débat et qui plonge la vie des créature dans le chaos. Lui, fier dragon qui aime survoler le monde ne peut plus devenir le gros reptile puissant et sage, ne sortant que deux ailes noires et une queue assorti, et les seules écailles qui veulent se montrer contournent son visage et recouvrent son dos seulement. Qu’un demi-dragon qui ne peut que se transformer que sous une lune rouge, garçon frustré qui ne comprend pas pourquoi on lui prive de sa liberté, celle de s’envoler, survoler le monde quand ça lui chante. Il aurait pu choisir de se battre, mais le garçon est fatigué des batailles, elles n’ont plus le goût attrayant de l’époque sengoku, plus celle qu’il partageait avec son père. Il espère tout de même que la malédiction sera brisée, il est bien contre le choix de cette sorcière, qui a décidé de jouer à Dieu en changeant l’ordre des choses. En attendant, le dragon amputé de son parti reptile finit par se faire un logis sur cette île.

Une petite maison de style japonais, tranquille et un peu oublié dans le décor, sa nouvelle demeure acheter après beaucoup d’années à économiser et à travailler ici et là. L’homme s'est mis à écrire, des récits d’aventures, d’action, policier, ce qui lui trotte dans la tête. Son imagination lui rapporte quelques sous, puis il ouvre l’école de samouraï ou du moins l’art des samouraïs ainsi que d’escrime qu’il a appris ses dernières années. Il vit un peu reclus, fatigué de jouer la comédie, de chercher si on se joue de lui ou non, le dragon essaye juste de vivre sa vie tranquillement, sans se mêler au reste du monde. Il a arrêté les flirtes, préférant alors la solitude qui ne l’oblige pas à mentir à tout le monde.

Il passe même les guerres planqué chez lui, attendant la fin, se contentant de protéger sa bâtisse. Il observait le monde sans prendre partie, bien que parfois, c’est assez compliqué, japonais de naissance, en ses temps de conflit entre son pays natal et son pays d'accueil, il est pas super bien vu, mais il montre patte blanche comme il peut. Il ne veut plus se battre, même s’il aime les combats de katana, il ne le fait plus que dans une salle pour s’entraîner sans blesser personne.

Il fut attaqué à la fin de la seconde guerre, un intrus dans sa maison, une bagarre qui éclate pour chasser l’inconnue, mais Miyu ne s’en sort pas indemne, un coup à la tête et le garçon se retrouve avec une mémoire défaillante, déjà bien malmenée par des années qui défile encore et encore. Mais avec les années, il s’y fait, recolle quelques morceaux, et ça ne l’empêche pas de vivre.