[CW][EVENT #1 - RED MOON] Introduction au dégommage de chasseur stalkeur collant

Tout se passait bien dans le meilleur des mondes. Eun-Ae avait fermé la boutique depuis quelques heures et finissait son travail universitaire plus ou moins activement en regardant une série sur l'écran de son ordinateur. Ce dernier facteur devait expliquer pourquoi son travail prenait autant de temps. Puis, elle eut un message sur son téléphone. Discrète, elle le décrypta une première fois en manquant de s'étouffer avant de le relire soudainement plus concentrée. La sorcière s'approcha des fenêtres de sa petite boutique pour finalement voir la nouvelle de la soirée : la lune rouge. Elle n'y croyait pas ses yeux.

La série fut vite oubliée, son travail universitaire aussi. Elle n'avait pas de temps à perdre. La nuit devenait soudainement courte devant les possibilités de la rentabiliser. Les stocks de potions n'allaient pas se refaire miraculeusement. Chaque goutte de liquide magique concoctait compté. C'est une fois les réserves faites pour quelques mois qu'Eun-Ae put souffler quelques minutes, avant qu'une nouvelle idée ne la frappa.

La Lune rouge touchait toutes les créatures de l'île, y compris les dragons qui allaient pouvoir se dégourdir les ailes dans les cieux. C'était pour la sorcière commerçante le moment parfait pour récupérer quelques écailles valant des prix exorbitants sur les lieux de transformations de ces grand lézards. C'est avec cette idée en tête qu'elle verrouilla sa boutique, partant arpenter les rues de Jeju avec un simple T-shirt sur les épaules.

Rapidement, ses pas se firent plus pressant. Une présence se faisait sentir derrière elle. Eun-Ae n'était pas seule. Cela pouvait être un simple hasard. Cela pourrait l'être comme cela pourrait ne pas l'être. Eun-Ae prit des raccourcis, se mettant à tourner en rond dans le quartier. La présence était toujours là. Les indicateurs semblaient pencher maintenant sur une probabilité qu'on la suive assez élevée. Quelle chance. Pourquoi avait-elle voulu chercher ses écailles inutiles ?

Elle devait rester calme. La situation pouvait être facilement gérée. Il suffisait qu'elle trouve un endroit tranquille, qu'elle se retourne et lui envoie quelques sorts offensifs. Tout était rendu possible avec la lune rouge. Un vrai jeu d'enfant. La théorie était hélas plus simple que la pratique. Eun-Ae était tétanisé. Elle avait essayé de ralentir plusieurs fois. Il suffisait qu'elle se retourne et vise l'individu la suivant. La jeune femme n'y arrivait pas. Fuir, elle ne pouvait que fuir.

Il la poursuivait sans l'attaquer. Eun-Ae se laissait suivre sans l'attaquer.

Elle ne marchait pas. Elle ne courrait pas.

Elle ne tournait pas en rond. Elle passait devant les mêmes boutiques aux enseignes illuminés pour la cinquième fois.

Dans ce jeu, tout était une question de nuance. Malheureusement, Eun-Ae commençait à perdre cette si précieuse nuance. Sa respiration commençait à devenir frénétique. Allait-elle finir comme sa grand-mère ? Cette dernière avait-elle penser pouvoir s'en sortir aussi facilement face à ces agresseurs ? Avait-elle essayer de les perdre dans les rues illuminées de Jeju ? Ce jeu avait-il changer la moindre chose dans son tragique destin ?

Tant pis, Eun-Ae tenta un coup de folie. Elle tourna brutalement dans une ruelle bordant le quartier qu'elle connaissait si bien et se retourna à mi-rue. L'homme était là. Sa main se dirigeant vers sa poche. La sorcière allait brandir sa baguette. Elle allait le faire. Mais elle ne fit pas. Une présence se fit sentir derrière elle. Quel était le sens de tout ceci ? Eun-Ae avait assez de soucis comme ça. Ce n'était pas le moment qu'un deuxième stalker se rajoute dans sa confrontation. C'était pourtant surement sa chance. Ils avaient peut-être tous les deux le même ennemi en commun. Peut-être devait-elle faire confiance à cette présence inconnue ? Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions, le chasseur chargea dans sa direction.

Certaines soirées sont plus électriques que d'autres sans aucune raison, et celle-ci avait commencé sur les chapeau de roue. Le bar était ouvert depuis à peine deux heures qu'il y avait déjà eu deux bagarres à gérer. Les idiots s'étaient donné le mot ma parole. Enfin bon, rien qui ne sorte vraiment de l'ordinaire, c'était les risques de ce genre d'endroit. Je suis dans mon bureau à inspecter les comptes, essayant tant bien que mal de gérer cet endroit du mieux possible. J'entends soudain la porte de mon bureau s'ouvrir en trombe, un regard noir accueil mon employé qui est tout essoufflé, il semble être monté ici en quatrième vitesse. Je vais vraiment finir par verrouiller cette fichu porte quand je suis occupé. Quoi ? Une lune rouge ? Vous avez attendu autant de temps pour me dire ça ? Bon sang je suis entouré d'une belle bande d'incapables, il fait nuit depuis plus d'une heure et demie et personne n'a trouvé utile de m'informer de ça ? J'ai déjà perdu bien trop de temps dans cette nuit de liberté. Je ne suis pas vraiment doué en potion donc pouvoir les réaliser moi-même ne me sera pas franchement utile, mais une magie sans baguette et renforcée est toujours un argument de poids. Par réflexe, j'attrape une veste et ma baguette, pas forcément utile mais bonne. Les habitudes ont la vie dure et surtout vus le prix de cette merveille, j'aime autant l'avoir à porter de main.

Je descends rapidement, traverse la salle avant de sortir du bar. C'est à ce moment là que fatalement quelqu'un m'attrape au vol pour me parler. Bon sang, je ne vais jamais réussir sortir d'ici, je dois être maudit. Je suis forcé jouer le jeu, de donner le change dans cette conversation inutile lorsque j'aperçois une jeune femme du coup de l’œil dans la rue d'en face. Tiens, de loin cette tête me dit quelque chose. C'est à ce moment là que le videur me, dit l'avoir vu passer plusieurs fois et être plutôt affolé. Qu'es qui ce passe ce soir bon sang, mais le simple fait que j'ai un doute sur le fait de la connaître me force à aller voir ce qui se passe. Une nuit de lune rouge, tout peut arriver. Je m'excuse poliment avant de m'engager dans le dédale de ruelles, où est-elle bon sang ?!

Je ne sais toujours pas qui semble paniquer au point de tourner en rond dans le quartier, mais à part un surnaturelle, qui s'amusera à cela sur Jeju ? Pas grand monde et je suis sûr que les chasseurs sont également de sortie. Cette idée m'arrache un sourire malsain, la simple idée de transformer un ou deux traqueurs en tas de cendre était déjà réjouissante. Je continue d'arpenter les ruelles en étant à l’affût du moindre son où indice de la jeune femme. C'est au détour d'une rue que j’aperçois une tête brune que je connais. C'est Eun -Ae, un autre membre de l'ordre noir. Bien qu'elle soit plus qu'agréable n'a regardé, elle est encore bien trop gentille, trop douce pour vraiment faire quoi que ce soit dans l'Ordre. Je suppose que tout le monde ne peut être aussi « acharné » que moi. Mais je n'ai pas le loisir d'analyser la situation autant que je le voudrais, je vois cet homme littéralement ce jeter sur elle.

Eun-Ae, qu'es que tu fait bon sang, réagit ! Je laisse échapper un soupir de colère lorsque j'utilise la magie dans l'urgence. Le plus grand avantage de la lune rouge est sans doute de ne pas avoir à utiliser de baguette. Un trait de feu par de ma main pour enflammer les jambes de l'agresseur qui se tord par terre. Qu'elle bande d'idiot, à l’ère numérique la plupart n'utilise toujours pas d'arme à feu. Bande d'amateurs Je m'approche en jetant un regard haineux au supposé chasseur qui continue de se torde tel un vers par terre. Tu as choisi la mauvaise nuit, et le mauvais coin mon grand. « Respecte ta place et rampe devant nous. Prends ton temps, je n'en ai pas fini avec toi. »


Je retire ma veste, la déposant sur les épaules de la jeune femme avant de me mettre entre elle et son agresseur. Je pousse un soupir avant de porter mon attention sur elle, elle semble encore troublée par la situation. Ma main vient se poser sur sa joue. Ce n'est pas l’élément le plus important de l'ordre, mais hors de question que laisse la moindre chose lui arrivée si je suis dans les parages. « Tout va bien tu n'as rien ? »

Sa baguette serrée fermement dans ses doigts, Eun-Ae aurait dû la pointer sur son adversaire. Lâche, enfermée dans ses craintes, la jeune sorcière était tétanisé. Comme une bête prise au piège des phares du véhicule allant la percuter, Eun-Ae semblait impuissante devant le drame allant se produire. Comble de la situation, elle occupait le premier rôle dans cette histoire. Dommage, elle n'avait jamais été une grande fan des drames.

Peut-être était-ce la faute de sa grand-mère s'étant trop occupé à lui enseigner les bases de la concoction de potions. Combien de fois Eun-Ae s'était plainte de ne pas savoir suffisamment se défendre ? Combien de fois sa seule figure familiale lui avait répété que seul compté le commerce ? Son attitude pacifiste avait causé sa perte. Cette brave dame était pourtant loin d'être la responsable. La seule coupable dans cette histoire était Eun-Ae, incapable de se détacher des démons du passé.

La situation était tout simplement ridicule. Comment était-elle censé prouver sa valeur et défendre ses idéaux ... quand elle n'était même pas capable de se défendre ?

Les événements s'enchaînaient. En sentant, cette présence derrière elle, Eun-Ae, dans une vague volonté de survie, s'était plaqué contre le mur de la ruelle. Une flamme passa près d'elle pour embraser le chasseur. Vu ses cris de douleur, il n'avait pas prévu cette éventualité. Il se tordait de douleur sur le sol de l'allée, tel un vers de terre prisonnier du bitume métropolitain. Médusée, la jeune sorcière le regardait dans ce triste spectacle. Le drame se récrivaient. Eun-Ae n'était plus la victime. Il l'était.

Elle n'éprouvait pourtant que peu de compassion envers lui. Rien de tout cela ne se serait passé s'il ne l'avait pas suivi. Au fond, il l'avait bien cherché.

On glissa sur ses frêles épaules une veste. Elle se retourna pour voir un visage presque familier. Serait-ce ... ?

« - Kang Hyo-shi ? »

Que faisait-il ici ? Est-ce lui qui avait tiré cette boule de flamme ? La réponse était vite trouvée. Ceci expliquait cela.

« - Oh ... »

Eun-Ae était reconnaissante. La mort avait été proche. Elle aurait pu y passer. Cependant, elle avait montré son incompétence, son imprudence, son manque de sang froid à un des membres imminents de l'ordre. De quoi avait-elle l'air actuellement ? Elle devait sembler bien pathétique. Elle eut presque envie de rire devant ce ridicule. On venait de la nommer garance au sein de sa section de la contre-malédiction. Eun-Ae en était fière de sa promotion. Elle s'était battue pour faire ses preuves et se montrait digne de confiance. Et maintenant, un membre supérieur de l'ordre la trouvait dans une telle posture ? C'était ce qui s'appelait perdre la face.

« - Ça va aller ...»

Hyo posa sa main sur sa joue. Surement une tentative de la faire quitter ses songes. Son regard se redirigea vers lui. Derrière eux, le chasseur continuait d'agoniser. Etait-ce important ? Probablement pas.

« - Je crois. »

Il était temps de se ressaisir. Les larmes ne devaient pas être loin. Eun-Ae ne pouvait pas continuer à se comporter ainsi. Un peu gênée, elle eut une réaction de recul vis-à-vis de son presque supérieur.

« - Merci de votre aide. »

Eun-Ae avait failli lui préciser comme tout ceci avait pu se produire, mais se rétracta. Elle s'était suffisamment humilier ainsi. Il n'y avait pas besoin d'en rajouter. Il était temps d'être professionnel.

« - Il faudrait peut-être dissimuler le corps loin du quartier ?»

Derrière eux, le chasseur tentait de protester, surement de les maudire. Cela ressemblait plus à un gémissement d'un animal sur le point de rendre son dernier souffle. Cela devait être douloureux de brûler ainsi. Etait-ce cependant plus douloureux que ce qu'avait pu expérimenter la grand-mère Kim ? Certainement pas.

« - Ha oui, c'est vrai qu'il n'est pas encore mort. »

Voilà maintenant qu'elle parlait légèrement de donner la mort à son stalker. Le méritait-il ?

A vrai dire, elle en avait aucune idée. Il l'avait poursuivi pendant de longues minutes dans le quartier. Il ne l'avait surement pas fait pour l'inviter à prendre le thé avec lui.

Si cet homme avait des doutes sur son engagement magique, ses doutes s'étaient maintenant totalement vérifiés. Il ne pouvait plus vivre. Il était trop dangereux. Depuis le départ, il n'y avait qu'une possibilité entre eux deux: lui ou elle. Rien de plus, rien de moins.

Mais, qui était-elle pour décider d'un droit de vie ou de mort sur une personne ?

Eun-Ae n'était pas innocente. Elle savait bien ce qui arrivait parfois en mission auprès de ses collègues. Elle savait ce qui se passait quand les ordres de missions passaient entre ses mains. Mais, elle n'avait jamais eu un rôle actif sur la neutralisation d'un individu. Ses jambes tremblaient sous la pression. Sa respiration était lourde. Ce dernier fait était surement un vestige de la course poursuite ayant eu lieu quelques minutes plus tôt. A moins que cela soit une nouvelle manifestation de la peur dans le corps de la jeune sorcière.

Mais elle n'avait plus le droit de se laisser conquérir par ce sentiment lâche. Eun-Ae prouverait sa valeur.

Cette situation a comme un air de déjà vus malsain. Cela me rappelle bien trop cette scène dans la maison familiale et je me suis promis que plus jamais je ne serais aussi impuissant. Plus jamais je ne laisserai la peur me tétaniser, plus jamais je ne regarderai ces maudits chasseurs en levant la tête. Non, c'est eux qui doivent baisser la tête, c'est eux qui doivent me craindre. Toute ma vie n'est qu'une quête de vengeance perdue d'avance. L'avantage d'être un homme est que l'on me soupçonne moi d'être un sorcier, en même temps nous ne sommes pas légion, mais apparemment on compense cela par une plus grande puissance magique. Cette pensé m'arrache un sourire malsain, avec cette lune rouge, je touche du doigt mon but, me débarrasser des chaînes que Carmine nous a infligées, et enfin être libre de l’influence des humains normaux.

La jeune femme semble agir plus par instinct que par habitude, depuis le début je la trouve bien trop môle, mais en même temps l'ordre en remplit d'idéalistes qui ne se sont jamais sali les mains. En parler c'est une chose, mais ôter la vie de quelqu'un en est une autre. Visiblement même dans un instant de survie comme celui-là elle n'en est pas encore capable, embêtant pour une Garance de l'Ordre. Pour le coup une occasion de l'endurcir est peut-être là. Elle est à peine contre le mur que j'ai déjà neutralisé le chasseur, le ramenant à sa place : rampant comme un insecte. Si je ne voulais m'assurer que ma comparse allait bien je lui aurais craché au visage. Regardé le, un spectacle bien ridicule, comme un papillon à qui l'ont arraché les ailes. Bref, je réglerai ça en temps voulu, pour le moment je pose mon attention sur la jeune femme. Elle semble surprise de me voir, et encore en état de choc, ce qui est compréhensible. Elle reprend ses esprits peu à peu, je pousse un soupir de soulagement, j'ai vraiment cru j'allais arriver trop tard.

« Ça me serait embêté qu'un chasseur abîme un si joli visage, même j'aurais préféré ne pas avoir besoin d'intervenir. »

Quoi ? Ce n'est pas comme si c'était étonnant de ma part ? Ce n'est pas de ma faute si la demoiselle est plutôt agréable à regarder, dans le genre princesse en détresse j'ai vu bien pire, rien que pour son joli visage je peux lui pardonner ce moment de faiblesse. Eun-Ae marque un mouvement de recul, son regard se reporte sur le ver qui tente encore de se relever. Impuissant mais tenace, je sens qu'il va m'amuser celui-là. Je me retourne vers la jeune femme, avec un sourire carnassier au coin des lèvres.

« Le cacher ? En faire un exemple visible de tous sera bien plus efficace, à moins que tu ne veuille jouer au chat et là.... »


Je rêve où ce microbe m'interrompt avec ces jérémiades ? On ce moque de moi ? Je crois qu'il mérite une leçon plus longue et plus corsée. Je tourne la tête d'un mouvement vers lui, sortant ma baguette, la lune rouge se reflétant à merveille sur les écailles qui la compose, même si ce soir elle ne sert à rien. L'instrument magique est à peine en face de lui qu'il est nouveau assailli par les flammes, de façon brève et suffisamment pour lui arracher un cri de douleur et le faire taire.

« Je t'ai dit de rester à place, la prochaine fois ce sera pire alors la ferme. »

Le briser sera encore plus délicieux, même si cela m'étonnerait qu'il soit tout seul un soir de Lune de rouge, ou alors il est plus stupide que la moyenne. D'autant plus qu'il allait être plus utile que prévu. Je pousse un soupir avant de me tourner une nouvelle fois vers la sorcière. Son état de choc semblait se dissiper un peu, à moi qu'elle n'a été plus blesser dans un orgueil que dans son esprit. Je m'approche d'elle, me collant quasiment contre elle en ne la lâchant pas des yeux pour récupérer ma paire de gants en cuir dans les poches de ma veste.

« Pardon mademoiselle, mais on va devoir profiter de l'occasion, et j'ai horreur d'avoir du sang sur les mains. »
J'enfile ladite paire avant de passer derrière Eun-Ae, l'attrapant doucement par les épaules. L'occasion de l'endurcir était là, c'était sans doute sadique de ma part, mais je ne serais pas toujours là pour la sauver. Je lui parle ainsi doucement dans l'oreille.

« Souviens-toi de cette sensation, de cette peur qui t'as envahi et maudit là. Rappelle-toi de cet instant et utilise-le. Tu es Eun-Ae Sorcière et Garance de l'Ordre Noir, ils ne sont que des insectes sous des doigts. Ils n'auront aucune pitié pour toi, alors tu n'en as aucune pour eux. »

J'ai appris une chose depuis que mes parents ont été tués : ce monde est régi par les forts, les faibles se contente d'attendre qu'un fort les libèrent. Je refuse de baisser la tête à nouveau, mais qu'est que va faire la sorcière ? Je me décale d'elle et me contente d'observer. Le chasse n'a pas bougé, lâchant de temps en temps un râle de douleur. J'ai sans doute mis un peu trop d'ardeur dans la punition.

La lune rouge berçant les cieux, prenait soudainement tout son sens. Le sang tombera, à moins qu'il ne finisse par se coaguler à force d'être sous les flammes d'Hyo. Le chasseur lombric se prit une nouvelle salve de flammes pour avoir oser tenter d'exprimer sa désapprobation. Manque de chance, les deux sorciers ne lui avaient pas demandé son avis. Dans cette conversation, il n'avait depuis longtemps plus son mot à dire.

Hyo choisit de faire une nouvelle interruption dans l'espace personnel d'Eun-Ae. Son corps soudainement contre le sien. Ses yeux contre les siens. Semblait-il pour récupérer ses gants restaient sa veste. La jeune sorcière n'eut pas le temps de se reculer ou d'exprimer sa gêne, qu'on lui saisit les épaules pour la plaquer devant la réalité du tableau lui faisant face.

Son regard tomba sur le chasseur toujours en train de brûler au sol.

Cette peur pouvait devenir un avantage, une énergie frénétique la sauvant de ses propres démons. Il suffisait de la dompter, d'arrêter de se faire submerger par ce flot de sentiment incontrôlé. Eun-Ae devait reprendre le pouvoir. C'était surement l'occasion de se détacher de toutes ses normes morales l'encombrant. Désuètes, inutiles, elles ne faisaient que la freiner dans sa quête d'un monde meilleur. Ce n'est pas avec des intentions nobles qu'elle pourra rendre sa grandeur au monde d'antan. Dent pour dent, œil pour œil, il n'y avait aucune raison de respecter des personnes voulant sa perte.

Une profonde inspiration fut prise. L'air était frais. Il était chargé de la fraîcheur de la nuit s'installant progressivement dans le millieu urbain, mais également d'une certaine odeur de brulé. Ce n'était pas une grande surprise vu l'état du chasseur. Ce dernier semblait avoir abandonné la possibilité de fuir. Il était en effet plus raisonnable d'attendre patiemment sa propre fin.

Sa baguette fut pointé sur le chasseur. Cette dernière n'avait jamais quitté les doigts de la jeune sorcière. Elle qui était auparavant si hésitante savait qu'elle faisait le bon choix. Son poignet se relâcha avant de se contracter. Il n'y avait plus de raison d'hésiter ou de douter de ses actes. Eun-Ae suivait le bon chemin.

« - Nous pouvons laisser un court message sur lui, histoire de laisser un avis de passage. »

Les premiers sorts furent vite trouvé. Sa chemise vola s'écrasant sur le sol noirci de l'allée. L'acharnement d'Hyo avait laissé quelques traces. Une bonne partie de son épaule droite et de son bassin avait fondu sous la puissance des flammes. Ce n'était pas un très beau spectacle à voir. Une odeur de chair brulé se gravait progressivement dans la mémoire d'Eun-Ae.

Les premières lettres se plaquèrent sur son torse dans la douleur. La peau se lacérait sous la pression de l'air. L'engouffrement de l'air soudainement appelé dans la ruelle ébouriffa sa chevelure brune, mais ne la détourna pas de son objectif. Eun-Ae s'appliquait sur ses L majuscules.

« L'ordre a été cherché.
L'ordre a été trouvé.
Qui sera le prochain ? »

Son exercice de calligraphie était terminée. Elle était plutôt fière d'elle. Sa modeste baguette en frêne n'avait cependant pas fini de servir. Le blocage émotionnel maintenant envolé, il était temps de faire prendre l'air à ce charmant lombric. Sa baguette fut soudainement levée en direction du mur de la ruelle. Le corps suivit bien rapidement l'impulsion. Les vents s'engouffrèrent dans la ruelle, pour soulever ce corps qui s'écrasa lourdement contre le mur. Des os se craquèrent irrémédiablement sous le choc. Sa jambe droite prit un angle qui sembla plus que douloureux. Ses gémissements le confirmèrent. Le pauvre n'avait même plus la force de crier. La baguette fut ensuite pointé vers le mur adjacent. Il eut toujours ce bruit si caractéristique d'os se brisant, mais aucun cri.  Etait-il mort ? Peut-être que oui, peut-être que non. Ce n'était pas bien important. Il ne survivrait pas plus de quelques minutes dans son état. Les chocs avaient été violent. On voyait les traces de son corps sur les murs. L'histoire d'être sûr, Eun-Ae le renvoya vers le précédent mur. Aucun gémissement. Le corps fut finalement abandonné dans les airs. Il s'écrasa lourdement après avoir fait une chute respectable de quelques mètres.

« - Mince, maintenant on voit moins bien le message. »

Erreur de débutante. Elle aurait dû s'adonner aux détails avant de faire le gros oeuvre. C'était dommage pour les L. On arrivait tout de même à lire, c'était tout simplement moins esthétiquement attirant. Enfin si on peut parler d'attirance esthétique pour un corps à moitié calciné dont les membres se sont tordus sous la violence des différents chocs. Il y avait d'ailleurs des marques de sangs un peu partout... et serait-ce également une dent plantée dans le pignon du mur ?

« - Est-il ... mort ? »

Il faudrait également ne pas trop tarder dans la ruelle. A force de crier, le lombric avait surement attiré l'attention. Pour ne rien arranger, sa rencontre avec les murs voisins ne s'étaient pas non plus déroulés dans le silence le plus total. Cela gênait quelque peu Eun-Ae de laisser le corps en plein coeur du quartier commerçant où elle et Hyo vivaient. Il aurait été facile de faire le rapprochement entre cet incident et eux. Mais n'était-ce pas plus louche de le déposer ailleurs et que les chasseurs retrouvent des traces de lutte dans cette ruelle ? Ne pas transporter le corps, pouvait justement les innocenter.

« - Il est peut-être temps d'y aller ? »

Il y avait une hésitation dans cette dernière proposition. Etait-ce satisfaisant ? Eun-Ae était-elle maintenant autorisé à courir se réfugier dans les draps de son lit pleurer le monstre qu'elle était devenue pour la bonne cause ? A pleurer la Eun-Ae du passé s'étant attachée à des codes moraux désuets ?

Parfois, il suffit d'un tout petit rien, d'une légère brise, d'un simple courant d'air dans le bon sens, pour qu'une simple étincelle ne ce transforme en immense feu de forêt. Aujourd'hui c'est moi joue le rôle de catalyseur, et il faut dire que c'est plutôt jouissif il faut bien l'avouer. Eun Ae ne m'avait jamais vraiment impressionné. Je ne remets pas en cause son engagement au sein de l'Ordre, elle c'est toujours montré plus qu'utile, mais je ne l'avais vue se salir les mains pour la cause. On ne peut être dans cette lutte sans jamais ce salir les mains et je voulais être sûr qu'elle en était capable. Parce qu'entre la parole et les actes, il y a un fossé immense. Je n'ai jamais hésité à franchir la ligne, j'étais déterminé depuis le jour où ma mère avait été abattue sous mes yeux. Ce monde dégoûtant ne méritait aucune pitié, aucun répit, et cette malédiction est un frein à mes projets.

En tout cas, j'affichais un sourire satisfait, je n'avais pas eu besoin de la poussée bien loin, une simple brise pour l'aider à quitter ces propres normes morales. Elle n'en avait pas besoin, plus maintenant, elle devait apprendre à s'en détacher. Il semblait que c'était chose faite, même si tout cela était un peu trop théâtral pour moi. Mais bon, pourquoi pas, si ça l'amuse. Je lui lâche les épaules, lorsqu'elle commence son exercice de style. Pour une première fois elle n'a pas froid aux yeux. Elle était sans doute plus intéressante que ne l'avait imaginé. Le chasseur n'avait même pas la force de se plaindre de ce traitement sans doute douloureux. Il avait déjà dépassé ce stade et semblait n'attendre que le coup final, ces chasseurs sont plus désespérant et les uns que les autres. C'est le bruit du vent qui me sort de se penser, un son puissant qui déplace le corps comme un simple morceau de papier. Le pauvre chasseur n'est plus qu'une mouche qui s’écrase sur un par brise. Le bruit sec des os qui se brise ne me surprend même plus, j'ai vu et fait tellement pire en interrogeant des gens que j'en suis presque blasé. Je jette à peine un regard au corps désarticulé qui gît quasiment à mes pieds. « Ne t'en fais pas, ils comprendront parfaitement. Je t'avais dit que ce n'était pas plus dur que d'écraser une mouche. »

Je m'approche du corps, le poussant légèrement du pied, aucune réaction, si il n'est pas mort il le sera sous peu. Par contre on ne peut pas dire que c'était une méthode discrète que la sorcière avait choisie. Mais ça pouvait peut-être être utilisé à leur avantage. Je n'ai jamais essayé de jouer au chat et à la souris éternellement. « Si il ne l'ait pas, il le sera sous peu. » je m'approche d'elle, posant simplement une main rassurante sur son épaule . « Ne t'en fait pas, ce sentiment passera. »

Je sens que la décharge d'adrénaline va quitte ma comparse, ce débarrassé d'année de bride morale n'est pas évident, elle va s’en vouloir et revivre ça un moment. On passe tous par là de toute façon, on s'occupera de ça plus tard je ne veux pas gâcher cette nuit à faire du sur place. Je me tourne à nouveau vers la ruelle, autant profiter un peu plus de cette opportunité. J'ai également bien l'intention de continuer à voir jusqu'où la jeune femme est prête à aller. Je ne compte pas la briser non plus, mais elle est un cadre de l'Odre Noir, elle ne doit pas montrer sa faiblesse. « Tu comptes vraiment laisser filer une lune rouge comme ça ? Si tu comptes rester une proie toute ta vie rentre, sinon viens, je ne veux pas laisser de chasseurs trainer par ici. C'est mauvais pour les affaires. »

En plus chaque chasseur de moins est une bénédiction dans mon esprit, donc je suppose que ne suis pas le plus objectif. Je jette un regard à Eun Ae avant de glisser les mains dans les poches et d'enjamber le cadavre pour arpenter les ruelles de Jeju. Je m'enivre de l'odeur de chair brûlée qui s'est imprégnée dans ma chemise, et ce sentiment de puissance donné par la une rouge n’arrange rien. Combien de fois ai-je arpenté ces ruelles ? Je ne saurai le dire, je jette un coup d’œil derrière moi pour voir si la jeune femme me suis. C'est à ce moment là, au coin d'une ruelle, que je tombe littéralement nez à nez avec quelqu'un. J'aperçois le reflet rouge sur un objet métallique pointé sur moi. Je n'ai pas vraiment le temps de réfléchir, j'attrape par réflexe le visage de l'agresseur, déclenchant l'enfer sur lui. Mais la torche humaine n'a pas dit son dernier mot, dans un ultime réflexe, ou une crispation due à la douleur. En tout cas l'arme à feu parle et je sens une douleur déchirante dans le bras gauche qui me fait lâcher le chasseur. Bon sang, cette abrutie a eu le temps de m'avoir. Le liquide Carmin commence à imbiber ma chemise blanche tandis que j'essaye de voir l'étendue des dégâts. Bordel, qu'est que je déguste, la balle semble ne pas avoir touché d'os mais j'ai déjà le bras engourdi. L'adrénaline me tient pour le moment. Le chasseur est déjà mort mais sous la colère il brûle de nouveau, je ne serais satisfait que lorsqu'il ne sera qu'un tas de cendre. « Comme d'habitude j'en fais trop. Bon sang, je vais déguster. »

Hyo vérifia d'un coup de pied l'état du chasseur. En tant qu'être humain, il aurait surement mérité mieux qu'un léger coup de pied comme dernier contact avec la vie. Tant pis pour lui. Son entêtement à poursuivre Eun-Ae l'avait mené à sa propre perte. La sorcière et son compère furent tout deux d'accord sur le fait que s'il n'était pas mort, il ne survivrait de toute façon pas longtemps.

Une main sur son épaule, la sortie de la ruelle semblait se préciser. Cependant, la question d'Hyo la désarçonna. Bien sûr qu'elle ne voulait plus subir les choses, ne plus être une proie comme le dit si bien Hyo. C'était la raison derrière son engagement dans l'ordre noir. Il était trop facile pour les créatures de toujours être traqué et victime de la barbarie humaine. Depuis que la malédiction de Carmine avait frappé, les créatures étaient toujours à tirs de frappes ennemis. Pour répondre à cela, fallait-il ... devenir la personne étant de l'autre côté de l'arme ?

Alors, Eun-Ae resta là, non loin du corps du chasseur alors qu'Hyo allait sortir de la ruelle. Puis tout se passa vite. Hyo se retourna vaguement en sa direction, alors qu'une nouvelle personne fit irruption dans cette ruelle maudite. Les flammes d'Hyo s'emparèrent de cette présence. Elles n'empêchèrent cependant pas, dans un acte presque post-mortem, la gâchette du pistolet d'être activée. La balle se logea bien vite dans le bras d'Hyo, pendant qu'un nouveau corps rejoignit la ruelle devenue depuis longtemps morbide.

Ce n'était plus la lune rouge de cette nuit qui se reflétait sur la chemise du jeune homme, mais bien son propre sang. Eun-Ae réussit à retenir un cri pendant le drame. Ce n'était pas le moment de se montrer hystérique. Il fallait rester calme. Professionnel. Voici le seul mot qui devait rester dans son esprit.

« - Il faut qu'on parte vite, vraiment, vite. »

Il n'y avait plus de temps à perdre. Si la mort du premier chasseur n'avait pas encore donné l'alerte, celle du deuxième n'allait pas tarder à attirer tout le quartier. Sans plus de politesse, Eun-Ae enleva la veste que lui avait prêté le gentlemen quelques minutes plus tôt. Elle fut passé au-dessus de ses épaules, dans un style négligé. Ce n'était peut-être pas à la mode en cette saison, mais cela permettrait de cacher le sang se répandant progressivement sur la chemise d'Hyo.

« - Compressez le lieu d'impact de la balle avec votre main valide. »

Eun-Ae se retourna une dernière fois dans l'allée morbide pour vérifier qu'ils n'avaient rien oublié, hormis les deux cadavres qui resteraient ici jusqu'à l'arrivée, au mieux de la police, au pire d'autres chasseurs. Sans plus de politesse, Eun-Ae posa sa main sur le dos d'Hyo et l'entraîna contre elle, essayant de le soutenir du mieux qu'elle put. Les premiers pas furent difficile. Ils titubaient ensemble quelque peu. Mais, ils arrivèrent à se débrouiller pour continuer à marcher presque normalement. Eun-Ae n'avait pas la force de son compère, mais elle faisait de son mieux pour les mettre en mouvement le plus loin possible de la scène de crime. Si jamais on leur demandait des comptes, elle n'avait qu'à prétexter être complètement saoul. A cette heure, ce ne serait pas anodin.

Maintenant en route, ils devaient se mettre d'accord sur leur destination. Impossible d'amener Hyo à l'hôpital. Trop de questions seraient posés. Cela attirerait beaucoup trop d'attentions sur eux. Il fallait qu'ils se débrouillent seul. Un lieu calme et à l'abri des regards serait à préconiser. Pour le reste ... il faudrait improviser. L'heure n'était pas à penser comment retirer cette balle d'Hyo, il fallait qu'Eun-Ae se calme. Chaque chose en son temps. Avant toute chose, trouver un lieu en sécurité, voici leur objectif.

« - Hyo-shi, votre bar est-il toujours ouvert à la clientèle ? »

Les occupations professionnelles de son presque supérieur au sein de l'ordre n'était un secret pour personne. Ils ne devaient pas être bien loin du bar d'Hyo, ni même de la boutique d'Eun-Ae.

« - Avez-vous des potions régénérantes dans votre bar ? »

Hyo perdait ... pas mal de sang. Sa veste sombre avait le mérite d'éponger le liquide carmin sans que cela trop visible. Elle serait surement irrécupérable à la fin de cette nuit. Dommage, elle avait son charme.

Il fallait qu'Hyo est la possibilité de récupérer de sa perte sanguine. Cela n'allait pas pouvoir se régler d'un coup de baguette magique, n'en déplaise aux oeuvres de fictions grand public. Dans la réalité, le meilleur moyen était une potion régénérante. C'était un produit assez généralisé chez les sorciers et sorcières friands de potions. Elles permettaient de récupérer plus rapidement après une blessure ou à moindre échelle, un grand effort physique. Peut-être qu'Hyo en avait en réserve ? Sinon, au pire des cas, Eun-Ae avait le vague souvenir d'en avoir fait dans la soirée, mais dans ce cas, il faudrait prendre la direction de son local commercial.

Une simple seconde, c'est une fichu seconde d'inattention qui aura pu me coûter bien plus cher. Dire que je trouvais le dernier chasseur complètement idiot de se contenter d'armes blanches, celui-ci m'a écouté. Cette sensation je la connaissais, cette douleur si particulière à la fois brûlure et perforation. Je recule d'un pas, regardant le corps du chasseur brûler joyeusement alors que j'affiche un rictus de douleur, tout en me tenant le bras. Je sens déjà mon sang coulé le long de mon bras, dans un trait chaud et poisseux. Je ne m'étais encore jamais fait tirer dessus, et ça n'est pas franchement agréable. Je peste, passant mes nerfs sur ce qui n'est déjà plus qu'un corps. Pourtant que je sais que je ne peux m'en prendre qu'à moi, j'ai été arrogant, la Lune rouge m'a rendu imprudent. Je peste encore une fois, mais je déguste, il y a un moment que je n'avais pas eu aussi mal. Pour le coup c'est ma comparse qui prend les choses en main, elle fait preuve de plus de jugeote que moi. La veste que j'avais posée sur ses épaules retourne maintenant sur les miennes, malin, au moins ça cachera la tache de sang qui ne cesse de s'étendre sur ma chemise. Pour le moment je n'ai pas l'esprit très clair, alors je suis ses instructions sans broncher. « Quittons déjà la ruelle et assurons-nous de ne pas être suivi. »

Par contre je perds beaucoup trop de sang, je risque de ne pas pouvoir aller très loin, et appeler des secours serait comme se jeter dans la gueule du loup, pas vraiment malin. Je m'agace encore plus, je suis vraiment stupide, ma haine contre les chasseurs me fait vraiment faire n'importe quoi. Mais la première priorité est d'arrêter, où tout du moins de ralentir le saignement. Compresser avec ma main reste le plus simple mais sera trop voyant à mon goût. Je défais ma ceinture et réussie tant bien que mal à la serrer autour de la blessure. Je respire plus fort, je sais que je vais déguster. Je serrai un grand coup, tentant d'étouffer du mieux possible le juron et le cri que la douleur tente de m'arracher. Ils me le payeront, ça c'est certain. Dire qu'une telle nuit est ruiner par un chasseur, il y a de quoi avoir les nerfs non ? Dans mon malheur j'ai eu de la chance, la balle semble n'avoir fait que traverser les muscles, enfin je crois, au moins elle n'est pas aller de loger dans un os où faire pire. Allez savoir. La jeune femme me soutient pour m'aider à marcher, attend temps mort, je ne suis pas encore mourant ma grande. «  Ne te fatigue pas à rien, je peux encore marcher seul pour l'instant, à moins que tu veuilles profiter de la situation. »

Je fais le malin, mais si je continue de perdre du sang à cette vitesse, je vais être dans une situation beaucoup plus complexe. En plus chaque pas, vibration, mouvement provoque une douleur lancinante et aiguë. Je ne peux retenir quelques rictus au fil des pas, note à soi-même, évité de se faire tirer dessus à l'avenir, c'est vraiment trop compliquer. Je me tourne vers la jeune femme, elle semble plutôt concentrée sur la situation, je dois bien avouer que je n'en attendais pas autant d'elle, elle aurait le mérite de me surprendre de plus en plus. Pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude de ce genre de situation, elle à su gardé son calme, plus que moi en tout cas. Je suis obligé de m'appuyer quelques secondes avec mon épaule contre le mur de la ruelle, je pensais honnêtement résister un peu mieux à la douleur. Nouveau coup pour le moral, en plus ma chemise et ma veste sont sûrement fichues.

« À cette heure-ci, le bar doit encore être bondé, mais on peut passer par m'entrer de service. Mais honnêtement je ne pense pas avoir la moindre potion là-bas. Leur confection n'est pas mon fort, enfin, j'ai appris sur le tas alors c'est souvent compliquer. »

Eun-Ae n'avait jamais vraiment connu Hyo. Ils n'avaient fait que de se croiser lors de quelques réunions de l'ordre. Il n'était pas vraiment son supérieur et elle n'était pas vraiment sa subalterne. Cette tragique soirée avait été l'occasion de le connaître un peu mieux, et visiblement, se prendre une balle dans le bras ne lui faisait pas perdre son caractère.

« - Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, ce n'est vraiment pas le moment pour les blagues salaces ou la drague actuellement, Hyo-shi. »

Eun-Ae ne devrait surement pas parler ainsi à Hyo, mais celui-ci ne semblait pas se rendre compte de la situation dans laquelle il s'était mis. Alors que la sorcière avait le regard ailleurs, Hyo en avait profité pour se faire un garrot. Eun-Ae ne put que grincer des dents en voyant le bout de tissu bloquant maintenant l'arrivée de sang. C'était en théorie une bonne idée, c'est vrai. Le sorcier perdait beaucoup, beaucoup de sang. Cependant ... la fiction avait beaucoup fantasmé sur les miracles du garrot. Un garrot mal géré pouvait généralement provoquer la paralysie du membre. Dans des cas plus grave, la gangrène du membre et dans le pire des cas, la mort. Le garrot était bien souvent un geste du dernier recours. Mais n'était-ce pas le cas là ? Peut-être qu'Eun-Ae continuait à toujours être trop naïve et ne prenait pas conscience de l'état de son collègue. Le sang dégoulinait sur Hyo. Eun-Ae sentait son odeur, sa texture. Visiblement le garrot avait été mal réalisé et laissé passer le sang. C'était d'une façon surprenante une bonne nouvelle. Il y avait moins de chance qu'Hyo perde un bras d'ici la fin de la soirée. Au point où ils en étaient, ils allaient devoir se satisfaire de petites joies comme celle-ci.

Le plus gros du chemin était fait. Ils ne devaient plus être bien loin. Heureusement.

Hyo faiblit. Il se retrouva à prendre appui contre un mur pour reprendre son souffle.

« - On n'est vraiment pas loin de ma boutique. On y est presque, Hyo-shi. »

Les pas se firent de plus en plus hasardeux. Hyo se battait de moins en moins contre la présence d'Eun-Ae contre lui, l'assistant dans ses pas. La sorcière se doutait bien que pour une personne comme Hyo, cette situation de vulnérabilité était loin d'être agréable.

Quand ses yeux n'étaient pas fixé sur son compère, Eun-Ae observait les alentours. On n'était jamais assez prudent. Dans les rues traversaient, il n'y avait pas grand monde. Quelques alcooliques, des fêtards, et jeunes revenant de soirée. Rien de bien suspect. Dans le ciel sombre de Jeju, la lune sanguine continuait à briller de mille feux, d'une façon presque insolente.

« - Quelle lune rouge nous vivons ... »

La vitrine familière de la boutique d'Eun-Ae arrivait dans leur champ de vision. Ils y étaient. Eun-Ae ne put contenir un soupir de soulagement. Ils avaient réussi à traverser une bonne partie du quartier piéton sans attirer trop l'attention sur eux, ni croiser de chasseurs.
Il fallut un peu de dextérité pour attraper ses clefs, mais la porte de la boutique s'abattit bien vite derrière eux. Pas de temps à perdre dans l'espace de vente, ils prirent la direction de l'arrière boutique. Une fois la lumière de la pièce allumé, Eun-Ae entreprit de poser doucement Hyo parterre. Cela ne se passa pas comme prévu, et elle perdit l'équilibre aboutissant à une chute un peu douloureuse pour le sorcier sur le carrelage.

« - Oh mon dieu, je suis désolée. »

Eun-Ae commençait à sentir le stress monter en elle. Elle n'avait à son actif qu'un brevet de secourisme obtenu au primaire, rien de bien utile dans une telle situation. Sous la lumière vive de l'arrière boutique, la blessure d'Hyo ... n'était vraiment pas belle à voir. Il n'était pas l'heure de se faire envahir par le stress, mais celle de faire un rapide bilan.

Blessure par balle. Présence d'un garrot insuffisant serré laissant passer du sang. Perte importante de sang. Risque d'hémorragie élevé. Aucune désinfection depuis la blessure.

Bien.

Très bien.

C'était absolument une catastrophe.

La brune se tourna brutalement vers les armoires à la recherche de tout produit pouvant être utile dans une telle situation. Assez de temps avait été perdu comme ça. Compresses stériles, compresses improvisé à base de bouts de tissus, bassine, alcool, potion régénérante, pinces, et autres. Tout ce petit monde se retrouva bien vite au pied d'Hyo continuant à être toujours plus pâle.

« - Bon, Hyo-shi, si vous voulez avoir l'air classe, je peux vous laisser vous boire une gorgée d'alcool.»

Eun-Ae avait toujours trouvé cela un peu stupide. N'avait-elle pas quelques potions anti-douleur dans les rayonnages ? Il lui semblait qu'elle avait trituré des coques de pavots il y a quelques heures. Ha ! Elles étaient là.

« - Sinon, je peux toujours vous proposer une potion maison à base d'un faible distillât de coques de pavot, ou d'opium, selon la version que vous connaissez. »

Personnellement, elle lui recommandait la seconde solution.

De toute façon, l'alcool servirait malheureusement. Avant toute intervention, il fallait désinfecté. N'ayant pas d'alcool médical ou d'eau de Cologne, c'est l'eau de vie qui serait utilisée.

Eun-Ae prit ensuite place par terre, à côté de son compère. Le regard fixé sur la blessure, elle attrapa une première compresse et enleva le sang superflu. Un regard rapide vers Hyo.

« - A partir de là, ça va plus que picoter, accrochez-vous. »

Sans plus de cérémonie, elle imbiba une nouvelle compresse d'alcool avant de la plaquer sur la plaie.

Mais c'est qu'elle se rebiffe la petite ? Cette réaction m'arrache un sourire, bien qu'il soit vite remplacé par un rictus de douleur. Bon d'accord elle à raison, mais ce n'est pas de ma faute si je suis comme ça, j'étais littéralement été élevé dans l'Ordre. Dans un monde où l'on prend ce que l'on est assez fort pour obtenir. Pas vraiment le meilleur endroit pour être équilibré, quoi je ne m'en sors pas si mal. De toute façon je ne vis pas, je suis dans l'ordre, je compte briser cette malédiction, mais finalement je ne vis pas, mon âme n'est que vengeance. Toutes les nuits je revois cette scène, je revois le visage de ma mère heurter le sol, le sang dégoulinant sur sa peau d’albâtre. Aucune, je ne laisserai aucun chasseur dans cette ville, dans ce pays. Ils connaîtront tous le désespoir, tous seront rongés par la même peur qui m'a rongé. Je n'aurais de repos que lorsque cela sera accompli et que leur cendre fumante soit répandue par le vent. Je serre inconsciemment le poing sur l'épaule de Eun Ae à cette pensée, lâchant aussitôt une fois que je m'en rends compte. Je ne pense pas avoir actuellement la force de lui faire mal mais bon, autant éviter.

Je perds encore trop de sang, je peine à rester debout seul, ça me fait mal de l'admettre, mais si la jeune femme n'était pas là la situation serait bien compliqué. Je pourrais cautériser la plaie pour arrêter le saignement, mais je risque de perdre complètement l'usage de mon bras si je fais ça. Je peine de plus en plus à simplement marcher, si Eun Ae ne me soutenait pas, je serais déjà en train de ramper par terre. C'est d'un pathétique, moi, un Adrinopl, un des rares sorciers de Jeju me fait mettre plus bas que terre par un simple chasseur et une arme à feu. Le Karma peut être, mais je n'en peux que serrer des dents de colère, laisser filer une lune rouge filer ainsi... non jamais je ne pourrais vivre en paix avec ces gens, encore moins après ça. Je me vide de mon sang et je peux penser qu'à ces maudits chasseurs. Ma vie est sûrement plus pathétique que je ne le pensais. « Je suis désolé Eun Ae, mon emportement te complique la soirée. J'ai du mal à garder mon calme avec les chasseurs. »

Pourquoi est-ce que je lui raconte ça moi ? Allez savoir, la perte de sang doit détraquer mon cerveau, je dois commencer à perdre la tête. Je ne sais pas vraiment où m'emmène, je peine à reconnaître les rues, tiens une boutique non ? La jeune femme peine à nous faire passer l’entrée tous les deux, où es ses clefs qu'elle peinait à trouver ? Et merde, je dois commencer à avoir des absences. Ce n'est pas bon signe, il faut que je lutte. Je n'ai pas vraiment le temps de réaliser ce qui cette passe, mais ma rencontre avec le sol est fortuite et plutôt violente. Le choc me provoque un juron et je me tiens le bras, une douleur lancinante reviens me réveiller. Bon pour le coup elle a réussi à me sortir de ma torpeur, mais j'aurais préféré un moyen moins douloureux. Je me redresse tant bien que mal, utilisant mon bras le plus valide, pour m’appuyer dos au mur, restant assis sur le sol. Je devais la ceinture autour de mon bras, elle n'a pas servi à grand-chose, le sang continu de couleur, je déchire le reste de ma manche de chemise comme je le peux. Voilà que la jeune femme se démène dans ce qui semble être une arrière boutique, sans doute la sienne et étale tout un tas de matériels autour de moi. Elle arrive à tout trouver là-dedans, ce qui est un miracle pour moi. Mais là elle me propose un faux choix. « Donne-moi ce que tu veux, du moment je garde l'esprit clair pour pouvoir y retourner. » ? j'attrape le récipient qu'elle me tend, merde, mon bras tremble, tant pis. J'avale sans réfléchir, ce n'est pas comme si je pouvais me permettre de ne pas lui faire confiance.

Oui, j'ai bien l'intention d'y retourner, même avec un seul bras, une jambe. Pas question de les laisser faire leurs lois dans mon quartier pendant une lune rouge. Le passage de la première compresse m'arrache un rictus, je sens que je vais déguster pour la suite, la blessure est bien plus vilaine que je ne le pensais. « La douleur j'en fais mon affaire, vas-y. » j'attrape ma ceinture à côté de moi, la serrant entre mes dents. Le moment où l’alcool rentre dans la plaie, c'est comme si la balle y entrait à nouveau, comme si ma chair était en feu. J'ai du mal à étouffer un cri de douleur. Je serre le poing et des dents, il faut passer par la de toute façon. Pense à autre chose Hyo, pense à ce que tu vas leur faire subir quand tu sors de là.